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CHILI: LES ANNEES PINOCHET. ""Déjà mort symboliquement"".

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Si le sort de Pinochet divise encore, le Chili aspire à l'apaisement.
publié le 14 novembre 1998 à 14h15

Aux passions déchaînées par l'arrestation de l'ex-dictateur a succédé à Santiago une sorte de réserve, d'application à «digérer» l'événement. «La preuve est faite que Pinochet n'est pas intouchable, et ça nous encouragera à poursuivre notre combat», assure Solo Sierra, président de l'Association des familles de disparus. Estela Ortiz, dont le père fut assassiné en 1976, et le mari décapité en 1985, croyait que «Pinochet mourrait de vieillesse, et non derrière des verrous. S'il est finalement libéré, nous aurons au moins le bonheur de nous dire qu'il ne voyagera plus jamais. Ce pays deviendra sa prison».

Au départ de l'affaire, le 16 octobre, la droite «pinochétiste» avait serré les rangs, surmontant les rivalités d'ambitions entre Rénovation nationale (RN) et l'Union démocrate indépendante (UDI). Les militants des deux partis s'étaient retrouvés au coude à coude, sous les murs des ambassades britannique et espagnole, pour ressortir les vieux slogans de la haine et du mépris envers «les communistes de m"». Mais les deux candidats déclarés de RN et de l'UDI à la présidentielle de décembre 1999 ont réalisé qu'une loyauté jusqu'au-boutiste au général les enfermerait dans un ghetto.

Les derniers sondages expliquent cette lucidité: ils révèlent un socle de partisans de Pinochet très solide, avec 24% de Chiliens considérant celui-ci comme «l'un des meilleurs gouvernants du siècle». Mais cette irréductible minorité est en décalage avec la mentalité générale. Pour 56% des personnes int