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Libération

CHILI: LES ANNEES PINOCHET. En amerique du sud, l'impunité pour prix de la démocratie.

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La plupart des dictateurs n'ont pas été jugés.
publié le 14 novembre 1998 à 14h15

Somoza, Stroessner, Videla, Pinochet, Noriega, Banzer, Medici, Duvalier: lunettes noires, treillis ou uniforme militaire, ces généraux-présidents incarnent une période noire de l'Amérique latine. Celle de dictatures qui, dans certains cas (Nicaragua et Paraguay), se sont éternisées, laissant un bilan digne d'un livre noir d'Amnesty International. Que sont devenus ces dictateurs après avoir, dans les années 80, laissé la place à des civils? La plupart n'ont pas été inquiétés, car les processus de transition démocratique ont eu un prix: l'impunité. A deux exceptions près, l'une paradoxale, la Bolivie; l'autre notable, l'Argentine.

Le pays qui a mené la plus «sale guerre» (30 000 morts) reste en effet le seul à avoir jugé ­ et condamné ­ en 1985 tous les chefs de la junte (1976-1983) au cours d'un retentissant procès. Cela n'aurait sans doute pas été possible sans la défaite cuisante essuyée contre la Grande-Bretagne dans la guerre des Malouines. Mais la justice a fait long feu. Des mutineries à répétition ont contraint le gouvernement de Raúl Alfonsin à voter, en 1987, des lois dites «du point final» et «du devoir d'obéissance» blanchissant les cadres intermédiaires. En juin dernier toutefois, le passé a rattrapé l'ancien commandant en chef de l'armée de terre et auteur du coup d'Etat de 1976: Videla est arrêté pour «appropriation illégale d'enfants nés en captivité». Agé de 72 ans, il attend de comparaître à nouveau devant les juges, assigné à son domicile d'un quartier chic d