A l'époque, tous les gens pensaient que j'étais folle. Un voyage aussi long et coûteux pour aller faire des déclarations à un juge espagnol dans le cadre d'une enquête qui, au Chili, ne signifiait pas grand-chose.» Tels sont les souvenirs que garde la journaliste chilienne Gladys Diaz de son voyage en Espagne, en octobre 1997. Elle avait appris que le juge Manuel Garcia Castellon enquêtait sur les disparitions de citoyens espagnols au Chili.
Depuis plusieurs années, Gladys raconte, inlassable, son passé de prisonnière et celui des détenus qu'elle a connus. Elle intervient dans des écoles, collèges, lycées, universités; elle est devenue une habituée des palais de justice. «C'est une question de loyauté envers mon compagnon, qui a disparu, et de tous les autres.» Arrêtée le 20 février 1975 pour ses activités de journaliste et son engagement au sein du MIR, mouvement d'extrême gauche; portée disparue pendant trois mois, elle a été retenue à la Villa Grimaldi, l'un des pires centres de torture de Santiago. Trois mois d'horreur pendant lesquels elle a été torturée à l'électricité. Elle a ensuite passé deux ans au camp de détention de Tres Alamos, séjour entrecoupé de nouveaux «stages» à la Villa Grimaldi.
Lors de l'un de ces passages à Grimaldi, elle a rencontré une citoyenne espagnole, Michelle Peña Herreros, alors enceinte de huit mois, qui aujourd'hui fait partie de la liste des disparus espagnols. Sa détention a toujours été niée par le régime militaire, et c'est notamment sur