Stockholm, de notre correspondant.
Quatre ans après le naufrage de l'Estonia, la douleur et l'espoir se réveillent une fois de plus pour des centaines de familles de disparus. Une commission nommée par le gouvernement a rendu jeudi son rapport aux autorités suédoises, en leur recommandant de remonter autant de corps que possible. Tout autour de la mer Baltique, de Stockholm à Tallinn, l'émotion, à nouveau, est immense. Dans quel état sont les corps, combien pourront être repêchés, combien seront identifiés? Des familles qui avaient dû se résigner à ce que le corps d'un disparu reste piégé dans la carcasse du navire ont pu, avec les ans, surmonter leur peine et se faire à cette idée. Certains préféraient, pour des raisons personnelles ou philosophiques, que la dernière demeure de leur proche soit cette mer, dans laquelle 852 passagers ont disparu dans la nuit du 28 septembre 1994. Seuls 95 corps furent alors repêchés. «Nous avons déjà eu un enterrement», se désole Magnus Lindström, qui s'oppose à la remontée des corps, même si son père, sa mère et sa petite amie gisent toujours au fond. Au cours d'une cérémonie quelques mois après la catastrophe, dont il était l'un des 137 survivants, il avait rendu, même en l'absence de cercueils, les derniers honneurs funèbres à ses parents. «Qu'ils soient dans la terre, dans l'eau ou dans la glace, quelle différence cela fait-il?» s'insurge le jeune homme, qui pensait pouvoir tourner la page. Certains parlent même de viol de sépulture.
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