Dans le centre des affaires de Djakarta, des cadres et des employés proprets ont une nouvelle destination à l'heure du déjeuner: l'université Atma Jaya, coincée entre les tours des multinationales. Hier matin, devant le campus où la police et l'armée ont tué sept d'entre eux vendredi dernier, les étudiants ont déployé d'immenses banderoles blanches que les habitants de la capitale viennent noircir. Une signature, un message de condoléances ou un commentaire vengeur contre la police et le Golkar, le parti au pouvoir, et ils repartent au travail. Atma Jaya est devenue un symbole pour toute l'Indonésie. Jamais peut-être le mouvement étudiant n'a été aussi populaire. «Je ne m'intéresse pas à la politique, je ne suis même pas sûr que j'étais d'accord avec eux, mais comme citoyen indonésien, je n'accepte pas ce qu'a fait l'armée, explique un jeune financier. En tirant, elle a trahi la nation tout entière.»
Drapeaux en berne. En apparence, la capitale a repris son rythme normal hier. Des groupes de policiers ou de militaires stationnent aux principaux carrefours, devant les édifices publics, mais tout a rouvert. Contrairement à ce qui s'était passé lors des événements de mai, la roupie, la monnaie nationale, ne s'est pas effondrée. Mais la crise morale est terrible. L'indignation face à ce «Black Friday» est partout visible. De nombreux habitants ont ainsi mis le drapeau national en berne devant leur maison. Le bilan est lourd. Pour l'hôpital général de Djakarta, 15