Kuala Lumpur, envoyé spécial.
Sous un ciel sale et orageux, les chefs d'Etat et des délégations des 21 pays membres du forum de Coopération économique de l'Asie-Pacifique, l'Apec (1), ont convergé hier vers la capitale malaisienne pour une rencontre qui doit durer deux jours (17-18 novembre). Jamais ce sommet annuel des pays riverains du Pacifique, dont beaucoup de diplomates prédisent déjà le fiasco, ne se sera déroulé dans une atmosphère aussi exécrable. Au lieu des beaux discours d'antan sur «les fruits de la prospérité commune», les chefs d'Etat asiatiques auront en tête la crise profonde que traversent depuis seize mois leurs économies, et les répercussions sociales et politiques qu'elle provoque dans la région. Situations graves. L'Indonésie vient de connaître une nouvelle période de pillages et de troubles graves (lire ci-dessous). Le président Jusuf Habibie, qui a fait tirer la semaine dernière sur les manifestants qui demandaient sa démission, rencontrait hier le Premier ministre malaisien Mahathir Mohamad, dont la situation n'est guère plus enviable. Depuis qu'il a fait emprisonner et traduire en justice pour «corruption et sodomie» son vice-Premier ministre Anwar Ibrahim, en septembre, les rues de Kuala Lumpur sont presque chaque jour le théâtre de manifestations où l'on brûle son effigie. Le sort réservé par Mahathir à son ancien dauphin a suscité la sympathie de plusieurs chefs d'Etat de l'Apec, qui ont décidé, en signe de protestation, d'annuler les pourparler