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Libération

Un an après Louxor, le chaos islamiste. L'attentat, qui fit 62 morts en Egypte, a divisé le mouvement intégriste.

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publié le 17 novembre 1998 à 14h11

Il y a un peu moins d'un an, Montasser al-Zayate était un homme

déçu, amer, en colère. Cet avocat de 48 ans, compagnon de route et porte-parole officieux de la Jamaa islamiya, le principal mouvement armé intégriste égyptien, voulait jeter l'éponge. Dégoûté par le bain de sang de l'attentat de Louxor, où 58 touristes et 4 Egyptiens avaient été assassinés dans des conditions atroces par un commando islamiste, dont les 6 membres ont tous été abattus. «J'ai échoué», déclarait cet homme, qui, quelques années plus tôt, accusait le tourisme de diffuser la dépravation morale et sexuelle de l'Occident. «Je n'ai pas réussi à convaincre les dirigeants d'abandonner la violence. Je ne défendrai plus ceux qui tuent.»

Me al-Zayate, lui-même détenu sept mois en 1994 pour «contacts avec des dirigeants terroristes», a repris du service. Son cabinet de la rue Abdel Khalek Sarwat ne désemplit pas, accueillant épouses et parents d'islamistes incarcérés. «La direction de la Jamaa a réalisé qu'il était temps de revoir sa position. Elle a été vaincue militairement,elle doit opérer une mue pour ne pas disparaître. Les attentats ont quasiment cessé.» C'est vrai, excepté quelques accrochages lors d'opérations de ratissage. En juillet, un texte de la Jamaa islamiya, publié depuis Londres, déclarait illicite l'assassinat de civils et plus particulièrement de touristes. Le 22 octobre, le cheikh Omar Abdel Rahman, guide spirituel de l'organisation, emprisonné à vie aux Etats-Unis pour complot terroriste dan