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Libération

Une épine kurde entre Rome et Ankara. L'Italie refuse d'extrader le leader du PKK, qui risque la mort.

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publié le 18 novembre 1998 à 14h32

Rome, de notre correspondant.

Arrêté jeudi à l'aéroport de Rome alors qu'il arrivait de Moscou muni de faux papiers, le fondateur du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), Abdullah Ocalan, empoisonne depuis près d'une semaine les relations entre l'Italie et la Turquie. Dès la nouvelle connue, les autorités d'Ankara, qui considèrent Ocalan comme le chef d'une organisation criminelle, ont en effet multiplié les pressions sur Rome pour obtenir son extradition. Le nouveau gouvernement italien, conduit par l'ex-communiste Massimo D'Alema, ainsi confronté à sa première crise diplomatique, a d'ores et déjà affirmé que son pays refuserait d'extrader le leader du PKK: «Si une telle demande devait parvenir, la réponse serait négative parce qu'en Turquie existe la peine de mort.» L'octroi de l'asile politique, qui constituerait de facto une légitimation du PKK, reste néanmoins délicat car l'Allemagne comme les Etats-Unis ont inscrit le parti kurde sur la liste des organisations terroristes.

Placé pour l'heure en détention préventive dans un hôpital de Rome, Ocalan a, depuis ce week-end, reçu le soutien de plusieurs milliers de Kurdes en provenance de toute l'Italie, mais aussi de France, d'Allemagne, de Suisse ou des Pays-Bas, qui se sont réunis sur une place de la capitale italienne, à quelque 200 m du Colisée, avec la bienveillance de la mairie de Rome. Plusieurs militants du PKK ont même entamé une grève de la faim en signe de soutien avec celui qu'ils surnomment «Apo». Hier, une