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Libération

Le pouvoir turc gangrené par la mafia. Les révélations d'un parrain turc incarcéré en France menacent le Premier ministre.

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publié le 19 novembre 1998 à 14h37

Depuis sa cellule de la prison des Baumettes, à Marseille, le Baba

Alaatin Çakigi (chef de famille de la mafia turque) continue de tirer les ficelles du jeu politique à Ankara et compte bien précipiter la chute du Premier ministre, Mesut Yilmaz, de l'Anap (Parti de la mère patrie, droite) qui affronte aujourd'hui au Parlement une première motion de censure. Arrêté le 17 août à Nice, avec un «vrai-faux passeport» en poche, donné par le MIT (les services secrets turcs), et 30 000 dollars, Alaatin Çakigi, 45 ans, pluri-homicide et mafieux de renom, distille depuis trois mois, par cassettes, menaces et révélations, illustrant une fois encore l'ampleur de la pénétration de la classe politique et des institutions de la République turque par le crime organisé. «Mes liens organiques avec les services secrets n'ont pas cessé», répète Alaatin Çakigi, ancien des Loups gris (militants ultranationalistes) reconverti dans le recouvrement de créances, qui se revendique «militant anticommuniste, anti-islamiste et antidrogue».

Trafic de drogue. Il y a deux ans, éclatait une première affaire mettant en lumière les liens entre l'Etat, la mafia et l'extrême droite après l'accident à Susurluk, petite bourgade de l'ouest anatolien, d'une Mercedes bourrée de drogue et d'armes où voyageaient, de concert, un haut fonctionnaire de la police d'Istanbul, un chef kurde, député du parti de l'ex-Premier ministre Tansu Ciller, et le parrain Abdullah Çatli, ancien nervi d'extrême droite, reconverti dans le tr