Jérusalem, de notre correspondant.
Un interne en médecine veut prendre sa tension. Boaz Kadosh renâcle. Sa voisine, après un léger malaise, vient de partir pour l'hôpital. L'homme, 26 ans, affirme qu'il se sent bien. Cela fait neuf jours qu'il observe une grève de la faim avec quarante autres étudiants. «C'est un acte de désespoir face à un gouvernement qui nous ignore». Il est allongé sous une tente devant la résidence du Premier ministre. Il porte un collier de barbe, un jean, et un tee-shirt barré du slogan «Baissons les frais de scolarité». Au-dessus de sa tête, une affiche proclame: «Même Saddam n'arrivera pas à nous faire bouger d'ici».
«Manque de solidarité». Il dirige l'association des élèves du prestigieux Technion, l'équivalent israélien de Polytechnique. «Chaque année, nous devons débourser 10 000 shekels [15 000 francs, ndlr], sans compter la nourriture, le logement et les impôts locaux. Les bourses, quand on les obtient, sont dérisoires et permettent à peine d'acheter tous les livres dont on a besoin, déclare-t-il. J'ai travaillé sur des chantiers, fait toutes sortes de petits boulots, mais, sans l'aide de mes parents, je n'aurais pas pu poursuivre des études supérieures.»
Depuis la rentrée, tous les campus du pays sont en grève. Les étudiants revendiquent une baisse de moitié des frais d'inscription et se disent prêts, en échange, à effectuer des travaux d'intérêt général. Mais, après des semaines de bras de fer, ils affirment mener bien plus qu'une simple lutte c