Washington, de notre correspondant.
La guerre de Bagdad n'a pas eu lieu, mais «nous n'en sommes pas passés loin», répète depuis dimanche William Cohen, le secrétaire américain à la Défense. Il ne restait que quinze minutes avant que les Tomahawk ne soient lâchés contre la capitale irakienne quand Bill Clinton a donné l'ordre au général Henry Shelton, chef d'état-major interarmées, de cesser le feu avant même qu'il ne soit déclenché. Il était 8 h 45 (heure de Washington) samedi. Des fuites, en provenance directe de la Maison Blanche, ont fourni aux médias américains un scénario détaillé de la crise, des arguments échangés au sommet de l'Etat et de la prise de décision. Bill Clinton a eu à coeur de faire savoir qu'il n'est ni un cow-boy à la gâchette facile ni un pacifiste invétéré et que sa détermination et son sang-froid sont les qualités d'un chef d'Etat.
La décision de mener une offensive aérienne de grande envergure contre l'Irak avait été prise dès jeudi, a confirmé le Premier ministre britannique, Tony Blair. Ce jour-là, a-t-il révélé, «un avertissement avait été donné en privé au représentant de l'Irak à l'ONU, ne laissant aucun doute à Saddam quant à l'ampleur de l'offensive qui allait être lancée contre lui» dans «un avenir très proche», bien que la date et l'heure exactes ne lui en aient pas été communiquées. L'attaque était programmée pour 9 heures samedi (heure de Washington). Des bombardements prévus pour durer plusieurs jours entraînant probablement de lourdes per