S'il accorde le moindre crédit au sondage qu'il a lui-même
commandité cet été, Omar Bongo ne passera pas l'hiver. Au terme d'une enquête menée entre le 20 juin et le 19 juillet auprès de 1600 Gabonais dans les principales villes du pays, un institut de sondage créé par les propres conseillers d'Omar Bongo conclut que «les Gabonais, dans une large majorité (65%), souhaitent le changement». A l'approche de la deuxième présidentielle pluraliste, le 6 décembre, c'est fâcheux pour le «dinosaure» au pouvoir depuis trente et un ans, qui s'est proclamé réélu en 1993, dès le premier tour, avec 51,07% des suffrages. A moins, bien sûr, de «corriger» le verdict des urnes, comme Omar Bongo l'a fait il y a cinq ans. Or, déjà à l'époque, le Gabon a frôlé la guerre civile.
«Pouvoir bloqué». Dans un contexte d'accusations réciproques entre le pouvoir et l'opposition de préparer des lendemains électoraux violents, d'une «grève illimitée» dans la fonction publique, d'une baisse considérable de la rente pétrolière, de la mévente du bois et du manganèse, la réélection de Bongo s'annonce délicate. Au regard du sondage réalisé par l'Inafres, proche de la présidence gabonaise, en collaboration avec un institut français, Marcomer, elle paraît même impossible. Sauf dans le chef-lieu de son fief ethnique, à Franceville, où il l'emporte avec 60% des intentions de vote, le candidat sortant est quasiment réduit à la marginalité. Dans la capitale Libreville, où réside près de la moitié des quelque 450 000 é