Istanbul, intérim.
Brandie comme un épouvantail, l'effigie de chiffon remonte l'avenue piétonne d'Istiqlal en se balançant. «Nous voulons Apo, nous voulons Apo!» scande le petit groupe gentiment précédé de quelques policiers. Depuis lundi que la colère anti-italienne gronde dans les rues, le parcours des manifestants est bien rodé: direction le consulat général d'Italie, dans une petite rue calme. A leur arrivée, deux fonctionnaires postés derrière les grilles de fer forgé disparaissent à l'intérieur du bâtiment, avant que quelques boules de peinture s'écrasent. Les appareils photo et les caméras sont aussi là: le show peut commencer. Sous des pancartes où le portrait d'Abdullah Ocalan est barré d'une grosse croix rouge, à côté de photos de victimes de la guérilla du PKK, les cris se font plus vindicatifs: «Maudit soit le PKK», «honte à Apo», et de temps en temps un fervent «Allah Akbar!».
Parmi les plus jeunes, qui font le signe des ultranationalistes des Loups gris, Yilmaz Gündüz, 26 ans, agite une banderole de l'Union des étudiants annonçant: «Turcs et Kurdes sont frères, ceux qui veulent les séparer sont des traîtres.» Yilmaz nie tout lien avec le Parti du mouvement nationaliste ou le Parti de la grande unité, qui patronnent pourtant cette association d'étudiants habituée aux coups de poing avec les gauchistes de l'université d'Istanbul. «Notre manifestation n'est pas politique, explique-t-il calmement derrière sa barbe rase, nous voulons juger ici ce terroriste qui a tué