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Libération

Le «Sallygate» de Jefferson. La liaison du Président (en 1802) et de son esclave noire suscite les passions.

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publié le 21 novembre 1998 à 14h48

Charlottesville (Virginie), envoyé spécial.

«Jefferson adorait son épouse, Martha, et ses deux filles, Martha et Maria. Après la mort de sa femme, il ne s'est jamais remarié et a conservé Monticello comme résidence principale jusqu'à sa mort"» Une vingtaine de pèlerins, la plupart retraités, écoutent attentivement Sheryin Gray. La guide leur fait découvrir le domaine au centre de la Virginie, qui fut, de 1769 à 1826, la résidence de Thomas Jefferson, père de la Déclaration d'indépendance et troisième président des Etats-Unis. Le silence respectueux est de rigueur en ce sanctuaire voué à la vénération de celui dont l'historien Joseph Ellis a pu écrire qu'il est «au coeur de l'identité nationale, l'âme même de la tradition politique américaine». Pourtant, ces jours-ci, la belle maison néoclassique, bijou d'architecture au sommet d'une colline, temple de la raison, de l'esprit scientifique et des libertés démocratiques, est agitée par le fantôme de Sally Hemmings, l'esclave noire dont Jefferson aurait fait sa maîtresse et qui lui aurait donné sept enfants.

Au moins un fils. «L'affaire Jefferson» passionne l'Amérique depuis que le 5 novembre la revue scientifique Nature a publié les résultats de tests génétiques effectués sur l'ADN de descendants de Jefferson et sur celui de descendants de Sally Hemmings. Le Dr Eugene Foster, auteur de l'étude, a établi que le «père fondateur» de la démocratie était vraisemblablement (mais pas certainement) le père d'au moins un des fils de Sally