Menu
Libération

Une tribune opportune pour le PKK. L’affaire Ocalan permet d’internationaliser la question kurde.

Article réservé aux abonnés
publié le 21 novembre 1998 à 14h47

Il y a encore un mois, dans son refuge de la plaine de la Bekaa

libanaise sous contrôle syrien, Abdullah Ocalan, 49 ans, le leader des rebelles kurdes de Turquie, n'était que le chef d'un parti armé considéré comme une organisation terroriste par la plupart des pays occidentaux. Les pressions des autorités d'Ankara sur Damas, et l'expulsion du Liban du patron du PKK, qu'elles considèrent comme leur ennemi public numéro 1, ont finalement eu un effet boomerang. Aujourd'hui en Italie, placé aux arrêts domiciliaires mais non extradable, et peut-être bientôt bénéficiaire de l'asile politique, Apo ­ «l'Oncle», comme l'appellent ses partisans ­ a réussi à internationaliser la question des Kurdes de Turquie. Ils sont quelque 13 millions sur 60 millions de Turcs et disposent de tous les droits des autres citoyens de cette République créée sur le modèle jacobin par Mustafa Kemal, sauf celui de se revendiquer collectivement comme Kurdes.

Les insurrections ont été nombreuses en soixante-quinze ans. La lutte armée du PKK pour un «Etat Kurde» dure depuis quatorze ans, et la «sale guerre» entre l'armée turque et les rebelles a déjà causé plus de 30 000 victimes, pour l'essentiel des civils, et quelque 3 millions de déplacés, qui ont quitté leurs villages du Sud-Est anatolien sous la pression de l'armée ou par peur des «terroristes». Le problème kurde bloque une totale démocratisation des institutions turques et représente le principale obstacle à son intégration dans l'UE. La question kurde