Menu
Libération

Iran: le meurtre d'un brave. Dissident sous le shah, Forouhar le resta sous le régime actuel.

Article réservé aux abonnés
publié le 24 novembre 1998 à 14h59

Les journalistes allaient chez lui parce qu'ils savaient que l'homme

ne trichait pas, que ce dissident parlait haut et fort, ne faisait aucun compromis et était d'une honnêteté irréprochable. Il fut l'un des opposants les plus déterminés au régime du shah, ce qui lui valut d'être emprisonné pendant quinze ans avant d'être le plus véhément des chefs de l'opposition «de l'intérieur» au régime islamique. Alors que le régime esquisse une timide libéralisation, Darioush Forouhar, âgé de 70 ans, et son épouse ont été sauvagement assassinés dimanche par des tueurs inconnus à leur domicile de Téhéran.

Un double assassinat évidemment politique qui frappe un couple dont l'autorité morale dépassait amplement l'influence de la petite organisation qu'ils dirigeaient, le Parti nationaliste du peuple d'Iran (officiellement interdit, en fait toléré). Privés de toute possibilité de s'exprimer, Forouhar et sa femme intervenaient régulièrement sur les ondes en langue persane des radios étrangères, osant même critiquer ­ ce qui est passible d'emprisonnement ­ la légitimité politique du clergé à la tête du régime. Le chef du pouvoir judiciaire, l'ayatollah Mohammed Yazdi, a ordonné hier «une enquête spéciale pour identifier et juger rapidement» les meurtriers. Selon la belle-soeur du dissident, qui a découvert le crime, le couple a été poignardé à de multiples reprises. Le dissident aurait été décapité. Elle a démenti la version officielle selon laquelle «le ou les assassins connaissaient leurs v