Laurent-Désiré Kabila, qui est, depuis dimanche, en visite
officielle en Italie, qui sera reçu aujourd'hui par le pape et viendra, via Bruxelles, assister à partir de jeudi au sommet France-Afrique à Paris, envoie depuis une semaine des milliers de réfugiés hutus sur le front. Selon nos informations, quelque 8 000 d'entre eux ont été recrutés dans les camps du Haut Commissariat pour les réfugiés (HCR), au Congo-Brazzaville voisin, où ils avaient trouvé asile après leur persécution à travers l'ex-Zaïre entre octobre 1996 et mai 1997 par l'armée rwandaise et les forces rebelles de Kabila, alliées à l'époque. Armés et équipés, ces anciens réfugiés, qui sont encadrés par des officiers des Forces armées congolaises (FAC), embarquent depuis le 17 novembre dans des Antonov à l'aéroport de Kinshasa. Le dernier vol en date est parti dimanche matin. Ces Hutus, qui ont une revanche à prendre sur l'armée rwandaise, troupe de facto exclusivement tutsie, sont acheminés par avion vers des aéroports du centre du pays, puis par camion jusqu'à Lodja. Cette localité se trouve, depuis la chute de la ville-garnison de Kindu, le 12 octobre, en première ligne sur le front.
En quête de soutiens en Europe, Kabila aggrave ainsi l'ethnicité de la guerre au Congo. Déjà, début août, lorsque le Rwanda et l'Ouganda ont créé de toutes pièces la «rébellion» contre son régime, Kabila et son directeur de cabinet avaient publiquement incité à des violences contre les Tutsis. Un rapport d'Amnesty internation