Pire que la catastrophe, il y a la catastrophe qui se poursuit. Il y
a un an, jour pour jour, l'ONU-sida réévaluait de façon dramatique les chiffres de progression de l'épidémie à travers le monde, pour révéler que près de 30 millions de personnes étaient touchées. «On a atteint le pire», disait alors Peter Piot, directeur de l'ONU-sida. Hier, à quelques jours de la journée mondiale du sida, l'ONU-sida a rendu publiques les dernières nouvelles du front au cours d'une conférence de presse conjointe, à Paris et à Londres: le pire reste à venir. Partout, l'épidémie s'est poursuivie. Aucun pays au monde n'a vu le nombre de personnes touchées diminuer. En totalité, on a assisté à une augmentation de plus de 10% de cas à travers les cinq continents: près de 34 millions de personnes sont aujourd'hui touchées. Chaque jour, 16 000 personnes sont contaminées. Jamais, depuis l'apparition du VIH au début des années 80, l'épidémie n'a fait autant de morts: 2,5 millions de personnes en 1998, c'est-à-dire deux fois et demie plus que le paludisme. Et depuis le début, ce sont ainsi 14 millions de personnes qui ont perdu la vie à cause du VIH. Dans cette comptabilité macabre, le sida figure largement dans le lot des toutes premières causes de mortalité dans le monde.
«On ne s'attendait pas à cette progression», a expliqué le docteur Michel Carael, responsable du bureau des préventions de l'ONU-sida. «On pensait que le sommet avait été atteint. Et que, comme pour toutes les autres épidémies, à