Bonn, de notre correspondante.
La menace est écrite en grandes lettres rouges, vertes et jaunes (les couleurs du PKK) sur une banderole juste à l'entrée du quartier gouvernemental de Bonn: «Nous irons jusqu'à la mort avec notre leader Abdullah Ocalan.» Depuis l'arrestation du chef du PKK à Rome, une centaine de militants kurdes campent ici jour et nuit dans de grandes tentes chauffées. Soixante d'entre eux font la grève de la faim: un avertissement encore très modéré de ce qui attendrait l'Allemagne si elle décidait de demander l'extradition d'Ocalan pour le juger sur son sol.
Interdiction du PKK. Avec la Turquie, l'Allemagne est le seul pays à avoir émis un mandat d'arrêt contre le chef du PKK, sur la base duquel l'Italie dit l'avoir arrêté. Emis en 1990 pour le meurtre d'un dissident du PKK en Allemagne en 1984, ce mandat vient même d'être actualisé par le parquet fédéral de Karlsruhe, qui soupçonne Ocalan d'avoir commandité l'élimination d'autres dissidents et ordonné une série d'attentats en Allemagne en 1993. Las! le gouvernement a si peur des troubles qu'il n'entend pas demander son extradition. Tandis que le nouveau gouvernement se réfugie derrière des formules évasives («une problématique politique complexe»"), Hans-Ulrich Klose, président SPD de la Commission des affaires étrangères du Bundestag, a franchement avoué le problème: son pays ne veut pas «importer la guerre» entre Kurdes et Turcs sur son sol. L'Allemagne compte près de 2 millions d'immigrés turcs, dont qu