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Libération
Interview

Robert Badinter analyse la portée de la décision des lords.

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Une «avancée» pour la justice internationale.
publié le 26 novembre 1998 à 15h10

Avocat, garde des Sceaux de 1981 à 1986 et président du Conseil constitutionnel de 1986 à 1995, Robert Badinter milite depuis des années pour la mise en place d'une justice pénale internationale.

Quelle est la portée de la décision de la Chambre des lords?

Elle est considérable. Que la Chambre des lords décide qu'il n'y a pas d'obstacle à l'arrestation d'un ancien dictateur dont l'extradition est demandée par un Etat étranger, pour tortures, séquestrations, meurtres, constitue en soi une avancée importante dans la lutte contre l'impunité des crimes contre l'humanité. Dorénavant, les anciens dictateurs hésiteront à sortir de leur refuge.

Que peut faire maintenant le gouvernement britannique?

La décision d'extradition lui appartient. Tony Blair a dit que la décision serait prise selon des principes juridiques et non pas en fonction de considérations politiques. La procédure d'extradition doit maintenant suivre son cours. Jusqu'à présent, la justice anglaise ne s'est prononcée que sur la validité de l'arrestation de Pinochet. Il reste à examiner le bien-fondé de la demande d'extradition elle-même. Si celle-ci, comme on peut raisonnablement le penser, est reconnue possible par les juges anglais, je vois mal comment le gouvernement pourrait refuser une extradition dont la justice aurait reconnu qu'elle ne contredisait aucune règle de droit. Je rappelle d'ailleurs que, s'agissant de la Cour pénale internationale, la délégation anglaise à Rome a été très active en faveur de la création d'une institution puissante et dotée des moyens nécessaires pour assurer la lutte contre les criminels contre l'h