Beyrouth, envoyé spécial.
Pour les intellectuels de la gauche libanaise, Samir Geagea fut longtemps assimilé au diable. Il pouvait donc leur sembler légitime que le chef des Forces libanaises (les ex-milices chrétiennes issues des Phalanges de Béchir Gemayel) termine sa vie en enfer, en l'occurrence un cachot minuscule et infect au quatrième sous-sol du ministère de la Défense à Beyrouth. Est-ce l'inhumanité de la punition, est-ce son iniquité de tous les chefs de guerre à avoir sévi pendant la guerre civile libanaise, Geagea est le seul à avoir été exclu de l'amnistie générale , ou est-ce la crainte qu'un abus de droit soit suivi par d'autres, mais quelques voix s'élèvent à gauche pour demander sa libération. Une pétition, à l'initiative d'intellectuels, a failli voir le jour; elle a été retirée faute d'avoir recueilli assez de signatures chez les musulmans.
«Je défends Geagea sur le plan du principe, c'est-à-dire de l'égalité de tous les citoyens devant la loi pénale. En 1991, une amnistie a été décrétée. Et elle couvre les délits et les crimes politiques, y compris les meurtres et les assassinats», insiste l'avocat de Samir Geagea, Me Edmond Naïm, connu pour ses sympathies socialistes. Selon lui, la décision de renvoi de son client devant une cour de justice n'est pas un acte judiciaire mais bel et bien politique. «En ce sens que c'est une décision gouvernementale, appliquée par décret», précise-t-il. C'est cette cour de justice qui a condamné l'ancien chef de la droite