Montréal de notre correspondant.
Les Québécois si l'on se fie aux plus récents sondages vont, ce lundi, reporter le Parti québécois (PQ) de Lucien Bouchard au pouvoir. A en croire son adversaire, le libéral Jean Charest, Bouchard va tenir un troisième référendum sur la souveraineté de la province francophone du Canada (au Québec, «indépendance» est un gros mot). Bouchard le promet mais ne le fera pas, tout le monde le sait. Les Québécois remettent «Lulu le séparatiste» au pouvoir, pour qu'il améliore" le fédéralisme. Mario Dumont, qui avait fait campagne auprès de Lucien Bouchard en faveur de la souveraineté en 1995, dénonce la tenue d'un nouveau référendum qui, comme la guerre de Troie, «n'aura pas lieu».
«Le PQ use de la souveraineté comme d'une fille qui vous aguiche en sachant qu'elle ne vous donnera rien, lorsqu'il s'adresse aux Québécois, et comme d'une poule de luxe qui menace de plaquer son amant trop chiche de ses cadeaux, lorsqu'il s'adresse au Canada anglais», explique Enrique Guzman, un immigré chilien, arrivé au Québec à la veille de la victoire historique du Parti québécois et de René Lévesque en 1976.
«Ici, on n'en est plus à un paradoxe près. Ici, poursuit Enrique, on vote pour Charest parce qu'il a les cheveux frisés, pour Bouchard parce qu'amputé de la jambe il inspire la compassion. Ici, le quart de la population vit dans une misère noire mais on n'en parle pas. Ici, c'est déficit zéro et conscience politique zéro. Ici, on se fait des peurs sans fondement