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Libération

«L'Adolf serbe de Bosnie» devant les juges du TPI. Jelisic est le premier accusé jugé pour génocide à La Haye.

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publié le 2 décembre 1998 à 18h20

La Haye, envoyée spéciale.

Serbe de Bosnie, accusé de génocide contre la population musulmane, Goran Jelisic, qui se définissait lui-même comme «l'Adolf serbe de Bosnie», était lundi dans le box des prévenus du Tribunal pénal international (TPI) de La Haye. Après avoir jugé des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité, le TPI, créé par l'ONU, ouvre pour la première fois un procès impliquant le crime le plus grave: celui de génocide. L'accusé, le premier à être jugé en Europe pour un tel crime depuis 1946, est un homme d'à peine 30 ans, à l'air juvénile, en pull multicolore et blouson décontracté. Goran Jelisic semble une parfaite incarnation de «la banalité du mal», selon la formule utilisée lors du procès d'Eichmann par la philosophe Hannah Arendt. Le jeune Serbe avait 25 ans lorsqu'il a été pris, au printemps 1992, par ce que le procureur américain, Terree Bowers, appelle «sa folie génocidaire». La tragédie s'est jouée à Brcko, petite ville du nord-est de la Bosnie où, avant la guerre, 45% des habitants étaient musulmans. Point stratégique proche de la frontière avec la Serbie et la Croatie, Brcko était un enjeu vital pour les Serbes. Le 30 avril 1992, à 5 h 30 du matin, les Serbes de la région, soutenus par l'armée de Belgrade, prennent le contrôle de la ville. Musulmans et Croates sont internés par centaines dans un hangar des environs qui deviendra le «camp de Luka». Là, commence l'horreur. «Ils ont fait l'objet d'une campagne systématique d'élimination. Penda