Grâce à l'Association internationale pour la démocratie (AID), la
régularité de la présidentielle au Gabon sera au-dessus de tout soupçon. Hier, pour la réélection programmée d'Omar Bongo, au pouvoir depuis 1967, six magistrats et sept avocats français (voir fac-similé ci-dessus) ont fait le voyage de Libreville en bonne compagnie. Cornaqués par Me Robert Bourgi, conseil attitré du chef de l'Etat gabonais depuis de longues années, les hommes de loi français, en leur qualité de membres de l'AID, ont fait la tournée des bureaux de vote. «Je ne les connais pas et, à plus forte raison, je ne les accompagne pas», nous a affirmé hier Me Bourgi, joint sur place par téléphone. Avant de se raviser: «Puisque vous avez mon fax" Ces honorables magistrats et avocats ont une lettre d'invitation du gouvernement gabonais. Ils sont ici pour aider à la manifestation de la vérité, si jamais il le fallait, au lendemain du scrutin.»
«Ton fiston"» «Mon cher Philippe», a écrit Me Bourgi à l'ambassadeur de France au Gabon, Philippe Selz, pour lui annoncer par télécopie la composition et les horaires d'arrivée du groupe de l'AID, précisant: «J'accompagnerai bien évidemment cette délégation, bien que ne pouvant être observateur en raison de ma qualité d'avocat du chef de l'Etat, S.E. El Hadj Omar Bongo, candidat à ces élections.» Dans ses fax directement adressés au président Bongo, l'avocat, qui est membre du RPR et du Club 89 que préside Jacques Toubon, s'embarrasse moins de formules protocolaires.