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CINQUANTENAIRE - DROITS DE L'HOMME : 1948-1998. Tunisie: le combat solitaire de Radhia.

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Cette avocate est harcelée par le régime.
publié le 8 décembre 1998 à 18h59
(mis à jour le 8 décembre 1998 à 18h59)

Ni livres, ni dossiers sur les étagères. Ni fax, ni ordinateur. La porte, dont le chambranle a éclaté sous la pression d'un pied de biche, est étayée par trois planches. Dans la nuit du 11 au 12 février dernier, le cabinet de Nasraoui, en plein centre de Tunis, a été saccagé par des «visiteurs». «Cette fois-ci, ils ont agi avec méthode», souligne l'avocate, pas comme les deux précédentes (en 1994 et 1997, ndlr). «Le plus grave, c'est qu'ils ont volé les dossiers de mes clients.» Les deux consoeurs qui partageaient son cabinet ont déménagé quelques jours plus tard. Même les clients sont moins nombreux. Radhia Nasraoui n'a aucun doute sur l'identité de ceux qui ont détruit son bureau, ils ont aussi volé sa voiture en 1993, annulé sa réservation sur un vol pour la France en 1997: elle se rendait au Parlement européen pour témoigner sur la situation des droits de l'homme dans son pays.

Cette femme de 45 ans, au teint mat et aux cheveux frisés, est la bête noire du régime tunisien, l'une des dernières personnes à oser le braver et stigmatiser sa dérive sécuritaire. Comme par hasard, le 11 février 1998, elle venait de plaider en faveur de l'acquittement de Khemaïs Ksila, le vice-président de la Ligue tunisienne des droits de l'homme (LTDH), condamné à trois ans de prison pour avoir dénoncé dans une lettre ouverte les persécutions du pouvoir à son égard. «Le pouvoir n'a pas supporté que j'ai dit que, sous Bourguiba, même les putschistes de Gafsa avaient eu droit à des visites de leu