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Les nouvelles menaces: L'obscur empire des caméras indiscrètes.

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CINQUANTENAIRE - LES DROITS DE L'HOMME : 1948-1998. Avec l'Internet, tout le monde va-t-il surveiller tout le monde? Et le droit à l'intimité s'effondrer?
publié le 8 décembre 1998 à 18h57
(mis à jour le 8 décembre 1998 à 18h57)

Ce sont les pizzaoiolos les plus surveillés du monde. Jacques Fournil, le roi de «la pizza cuite au feu de bois», ne supportait plus les doutes des consommateurs, ces ingrats toujours prompts à soupçonner la pub vantarde. Dans son usine près de Cavaillon, il a fait installer une caméra pointée sur l'entrée des fours, une autre à la sortie. Le tout, relié au site web (1) de l'entreprise, où tout internaute peut observer en direct l'auguste geste de l'enfournement manuel. «C'est la preuve par le Net», s'emballe Jean-Pierre Le Carpentier, le patron.

Big Brother? Non, plutôt un des nouveaux «Little Brothers» du monde de transparence totale dessiné par l'Internet. Une sorte de Truman Show généralisé où tout le monde espionne tout le monde, détruisant méthodiquement le droit à l'intimité. «Nous sommes entrés dans la société de surveillance», annonçait à Toulouse en octobre Louise Cadoux, conseillère d'Etat, ancienne vice-présidente de la Cnil (Commission nationale de l'informatique et des libertés), lors d'un colloque consacré aux droits de l'homme face aux nouvelles technologies. Responsables de ce glissement: les caméras reliées au réseau, bien sûr. Mais plus largement, tous les échanges électroniques. Des e-mails aux forums de discussions, en passant par les données collectées à chaque instant par les proprios des sites web visités, les internautes en promenade sur le réseau laissent des traces électroniques à chaque seconde. L'Internet transforme tout un chacun en concierge hig