«Si vous me demandez des nouvelles du pays, je vous répondrai qu'il
baigne dans le sang et les larmes, la démagogie et le mensonge. Des bombes explosent chaque jour et on voudrait nous faire croire que tout va bien. Des gens sont enlevés par les forces de sécurité, torturés comme cet homme jeté contre une baignoire jusqu'à casser toutes ses dents qui lui ont ensuite été enlevées à la tenaille.» A l'instar de Mahmoud Khelili, un des quelques avocats qui prennent, en Algérie, le risque de défendre les détenus politiques et les dossiers de quelque 3 500 «disparus», ils étaient plusieurs orateurs à dénoncer lundi soir les violations des droits de l'homme en Algérie au cours d'une réunion organisée au Théâtre de la Colline par la mairie (socialiste) du XXe et le Front des forces socialistes ( FFS-opposition). Devant une salle comble où se côtoyaient toutes les générations, ils ont parlé, telle Nassera, une mère de «disparu», de ce fils «enlevé à 21 ans et qui doit en avoir 23 aujourd'hui», tandis que la jeune députée Dalila Taleb disait, avec les mots des rues d'Alger, la répression mais aussi la «détresse sociale» qui pousse des ouvriers à se suicider sur leur lieu de travail. «Chez nous, il n'y a pas un Pinochet mais des Pinochet», lançait l'un des avocats à un public dont les questions, lues à la tribune, exprimaient la radicalisation: «Pourquoi accepter l'impunité des tortionnaires?» «Qui sont vraiment les assassins [du chanteur] Matoub Lounès?» Plus directement «politique»,