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Libération
Critique

Du Tibet emmuré

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Revue. Comment quarante ans de colonisation chinoise ont changé le Toit du monde.
publié le 9 décembre 1998 à 19h06

Lhassa, ville sacrée et capitale du Tibet, n'est plus la cité interdite que décrivit Alexandra David-Néel, mais les témoignages qui en parviennent sont suffisamment rares pour qu'on s'y arrête. Surtout quand ils ont la qualité littéraire du texte de Robbie Barnett, morceau de choix du hors-série que la revue Autrement consacre au Tibet.

Dans «Lhassa, la cité illisible», le chercheur britannique superpose ses réflexions sur l'urbanisme de la ville et son témoignage sur la vie des Tibétains sous l'occupation chinoise, notamment la révolte de Lhassa à laquelle il assista en 1987. Le contraste volontaire, appuyé par la typographie, entre la neutralité du chercheur et l'émotion du témoin renforce l'impact des scènes de répression brutale: «Ces nouveaux édifices sont les sédiments laissés par les deux grandes vagues qui ont balayé la ville et changé son histoire, peut-être plus vite que n'importe quel autre processus depuis le XVe siècle: l'un est le régime chinois, l'autre la modernité.» Et, sans transition: «A présent, la porte d'entrée du poste de police était en flammes. Les manifestants arrêtés plus tôt s'échappaient par les fenêtres. ["] L'homme aux lunettes noires pointa alors son arme vers le sol, et les gens se mirent à tomber; il tirait sur leurs pieds. ["] Les Chinois étaient arrivés.»

L'ouvrage est réalisé sous la direction de deux tibétologues, Katia Buffetrille et Charles Ramble, lequel résume ce demi-siècle à l'ombre du communisme: l'invasion chinoise, l'accord d'auto