Santiago, correspondance.
«Il va devoir aller demain chez le juge les menottes aux poignets"» Le visage radieux, Julios savoure la nouvelle qui vient de prendre le pays par surprise. Il affiche la même joie que voilà deux semaines, lorsque la Chambre des lords avait refusé de reconnaître l'immunité diplomatique à l'ancien dictateur. «J'étais sûr que Jack Straw allait accepter l'extradition. Il ne pouvait pas faire autrement», estime Julios.
A l'image de ce militant communiste de longue date, le pays semblait en état de choc après l'annonce éclair de la décision britannique, tant celle-ci était inattendue. Le président chilien, Eduardo Frei, se trouvait lui-même dans l'impossibilité de donner immédiatement la réaction officielle. Parti la veille au Brésil pour assister à une réunion du Mercosur (le marché commun des pays du cône Sud), il n'a pas pu, cette fois, convoquer rapidement le Conseil de sécurité nationale (Cosena) pour évaluer, avec les plus hauts responsables militaires du pays, la situation que va devoir affronter le sénateur Pinochet. Un Cosena qui se réunira du coup demain, après son retour de Rio de Janeiro. Pour l'heure, le gouvernement condamne fermement la décision britannique, et rappelle son ambassadeur à Londres. Et, de Rio où il participe au sommet, le président Frei a appelé les Chiliens à «garder leur calme» jusqu'à ce que la situation se résolve.
Mobilisation. Si le moment choisi par Jack Straw pour annoncer sa décision a étonné la population, le conten