New Delhi, de notre correspondante.
Depuis quatre mois, Jacdish, 13 ans, réapprend la vie et l'enfance à Mukti Ashram, le centre d'accueil ouvert près de New Delhi par la Coalition d'Asie du Sud contre la servitude des enfants (Saccs).
La silhouette dégingandée propre aux adolescents de son âge, le cheveu aussi sombre que son regard, Jacdish, comme une trentaine d'autres enfants âgés de 7 à 15 ans, suit en plein air le cours d'éducation sociale donné par un professeur. A l'ordre du jour: «Comment ouvrir une école dans ton village.» Pour lui comme pour la majorité de ses camarades, Mukti Ashram représente non seulement son premier contact avec la scolarité, mais aussi la fin d'un long parcours du combattant, celui de 55 millions d'enfants indiens illégalement sur le marché du travail.
Pendant quatre ans, Jacdish a été séquestré et exploité au fond d'un atelier clandestin de fabrication de tapis de l'Etat de l'Uttar Pradesh. Fils d'une famille nombreuse du Bihar (l'un des Etats indiens les plus pauvres), il avait 9 ans quand il a suivi deux inconnus, rabatteurs de main-d'oeuvre bon marché et docile. «Mes parents travaillaient aux champs, comme tous les adultes ce jour-là. Je jouais devant chez moi avec quatre copains quand deux hommes sont arrivés en Jeep et nous ont proposé des biscuits et une séance de cinéma dans la ville voisine. C'est comme ça que l'on s'est retrouvés dans le train pour atterrir à 1 000 kilomètres de notre village», raconte Jacdish en lissant sa moustache n