Menu
Libération

Joie unanime au Palais de Chaillot. Les associations des droits de l'homme ont applaudi.

Article réservé aux abonnés
publié le 10 décembre 1998 à 19h11

Un hurlement, deux, trois, puis une clameur qui submerge tout. On

s'embrasse, on entrechoque les gobelets de café, on pleure un peu. Une jeune femme s'époumone en anglais: «Est-ce que quelqu'un parle turc? Je ne comprends pas, je parle seulement turc.» Quelqu'un crie juste: «Pinochet!» Et la jeune femme part dans une longue psalmodie d'où seul émerge «Thank you, Thank you!». Au palais de Chaillot à Paris, où plusieurs centaines d'associations des droits de l'homme sont venues du monde entier pour la commémoration de la déclaration de 1948, il ne pouvait pas y avoir de joie plus unanime qu'après l'annonce de la décision de Londres. «Heureusement qu'on est à Paris, on peut se réjouir», dit un Asiatique essoufflé, membre d'une association «contre la torture». «Chez nous, on n'ose même plus prononcer le nom de ce Chilien, parce qu'on est fiché opposant immédiatement, comme si c'était un slogan. Même arrêté, le nom de Pinochet continue à semer la peur.»

Devant les représentants chiliens justement, se bouscule une foule multicolore pour les féliciter. «Il y a encore cinq minutes, je n'y croyais pas», dit Luis-Christian Rodriguez, professeur de sociologie à Concepcion. «Lorsque la première décision est tombée, j'étais chez moi au Chili. Le premier coup de téléphone que j'ai reçu était de mes parents: ils me suppliaient de ne pas sortir pour faire la fête. Pinochet est un tel fantasme chez nous. On va commencer à pouvoir l'évacuer maintenant qu'on est sûr qu'il ne rentrera pas.»

Parto