La première playmate du nouveau Playboy suédois s'appelle Daniella. Elle vient de la petite ville de Motala, célèbre pour une affaire de corruption qui a récemment éclaboussé quelques dirigeants sociaux-démocrates locaux. Fait plus notable, cette jeune fille blonde ne se départit jamais de sa petite culotte dans le magazine.
Méfiance. Quarante cinq ans après la sortie du premier Playboy aux Etats-Unis, le magazine à tête de lapin débarque dans l'un des bastions du féminisme et de l'égalitarisme, où la liberté des moeurs n'a plus grand-chose à voir avec ce qu'elle a été durant les années 70. C'est ainsi dans un certain climat de méfiance que le titre est sorti le 3 décembre. La une est sobre: titre en lettres dorées, fond sombre et, à la place de la pin-up attendue, une grosse tête de lapin aux couleurs suédoises. Au cocktail de lancement, les invités ont dû se faire une raison: pas de «bunny». Playboy démarre dans la sobriété.
Alors qu'aux Etats-Unis (et ailleurs), les playmates posent allégrement nues, la rédaction suédoise impose le port de la petite culotte. «C'est la frontière que l'on ne peut pas dépasser en Suède», admet Johan Ohlson, son rédacteur en chef, en pensant aux annonceurs qu'il ne faut pas choquer. Lui-même semble être l'homme idoine pour ne pas heurter un certain puritanisme suédois, qui s'accommode mal de l'image de la femme objet sexuel. A 47 ans, Ohlson est un jeune père de famille, ancien militant pour la paix au Vietnam, ex-syndicaliste,