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Libération

Ruth Dreifuss, la présidente qui veut réveiller la Suisse. Juive, socialiste, féministe et pro-UE, elle est nommée pour un an.

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publié le 10 décembre 1998 à 18h09

Genève, de notre correspondant.

Elue par 158 parlementaires sur 246, Ruth Dreifuss est devenue hier la première présidente de la Confédération helvétique. Au scrutin universel, elle n'aurait sans doute jamais été élue. Socialiste, juive, proeuropéenne, ancienne syndicaliste et militante féministe, fichée par la police politique durant la guerre froide, rien ne la destinait à un pareil destin. Mais, selon les règles de la présidence tournante du gouvernement collégial, dominé par les partis de droite, c'est à elle de prendre, pour un an, la charge traditionnellement honorifique de chef d'Etat. Syndicaliste. Ruth Dreifuss est l'antithèse des politiciens classiques. Issue du monde syndical et non du sérail politique, elle devient présidente dans le dernier pays d'Europe à avoir accordé les droits politiques aux femmes, en 1971. La Suisse fut aussi la dernière en Europe occidentale à accorder l'émancipation aux juifs dans les années 1860, sous le coup des pressions françaises et américaines.

Ruth Dreifuss a remercié hier la centaine de femmes venues fêter son élection: «Aujourd'hui, nous franchissons tout simplement une nouvelle étape d'une lutte longue de plusieurs dizaines d'années pour l'égalité des sexes.» Invitant les femmes présentes à entrer dans le bâtiment du Palais fédéral qui abrite le gouvernement et le Parlement, Ruth Dreifuss a affirmé: «Nous voulons que cette maison s'ouvre l'automne prochain (lors des élections législatives, ndlr) aux femmes qui auront le courage