Paul Bouchet a succédé à Geneviève Anthonioz-De Gaulle à la tête
d'ATD-Quart monde le 29 septembre 1998. Conseiller d'Etat, il a été aussi président de la Commission nationale consultative des droits de l'homme (1989-96). Homme de dialogue, il a servi de médiateur dans divers conflits , notamment celui des sans-papiers en 1996 . Vous présidez une association qui lutte contre la grande pauvreté. Pour vous, la misère constitue-t-elle une violation des droits de l'homme?
Les droits de l'homme sont indivisibles. Les droits économiques, sociaux, culturels ne sont pas séparables des droits civils ou politiques. Lier la lutte contre la misère à la lutte pour les droits de l'homme, c'est la raison d'être d'ATD-Quart monde. Le fondateur de notre mouvement, le père Joseph Wresinski, a choisi cet axe pour agir. Je vous rappelle ce qui est écrit sur la plaque qu'il a posée le 17 octobre 1987 sur le parvis des Droits-de-l'Homme au Trocadéro: «Là ou les hommes sont condamnés à vivre dans la misère, les droits de l'homme sont violés. S'unir pour les faire respecter est un devoir sacré.» La lutte en faveur des plus pauvres est un combat pour le respect des droits de l'homme. De tous les hommes. Quel diagnostic ATD-Quart monde porte-t-il sur la situation française?
L'immense carence de la société française, ce sont ces millions de personnes qui n'ont pas accès aux mêmes droits que les autres. Les plus pauvres sont le révélateur de l'état réel des droits de l'homme en France. Les gens doivent