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Libération

CINQUANTENAIRE - LES NOUVELLES MENACES SUR LES DROITS DE L'HOMME. Prisonnier.

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publié le 11 décembre 1998 à 19h24

Karim garde de ses neuf mois passés en détention provisoire le

souvenir d'un «cauchemar, parce que la préventive, c'est inhumain. Tu es à l'affût, tu te dis: demain, peut-être, le juge d'instruction me convoquera, demain, peut-être, je sortirai». Bagarreur dehors, Karim l'a été dedans. Il est passé au prétoire, le tribunal de la prison: «Un simulacre de justice. Par terre, il y a un cercle dessiné dans lequel tu mets tes pieds. Il est interdit de déborder.» On y comparaît sans avocat, devant le directeur et des surveillants. Il a écopé de 26 jours de mitard. La main cassée, il a attendu des soins pendant une semaine jusqu'à ce qu'on l'emmène à l'hôpital de Fresnes pour le plâtrer.

Après chaque parloir, il faut se déshabiller. Entièrement. C'est la fouille à corps, accroupi ou à quatre pattes, pour vérifier que rien n'est caché dans l'anus. «J'en parle comme ça aujourd'hui, dit Karim, mais c'est vraiment dur de montrer son cul à des gens. Ils m'ont même pris ça.» A Nanterre, dans les cellules à deux ou trois, les toilettes sont protégées des regards par des portes battantes. Ailleurs, les détenus essaient de se cacher derrière un drap, normalement interdit.

Ce qui a le plus aidé Karim en prison, c'est l'argent. Soutenu par sa famille, il a reçu 1 500 francs par mois, et son statut s'est élevé. Grâce à l'argent, tout est facile en prison. Les aliments cantinés pour améliorer «la nourriture immonde». La viande achetée aux gars qui travaillent en cuisine, le shit qu'on fume entre