Vienne, envoyé spécial.
Dans les bonnes familles, on ne parle pas de sujets qui fâchent. L'argent, en particulier. C'est pourtant ce que feront, aujourd'hui et demain, les chefs d'Etat des Quinze, réunis à Vienne pour leur sommet semestriel. La discussion risque d'être à couteaux tirés, même si, pour une fois, «on n'arrive pas en se faisant la gueule, c'est déjà ça», comme le fait remarquer, pince-sans-rire, un dirigeant français. Le sujet de l'empoignade annoncée porte le joli nom technocratique d'«Agenda 2000». Qui comprend à la fois la loi de programmation budgétaire de l'Union pour les années 2000-2006, les coûts de l'élargissement et, pour bien faire, deux réformes, l'une de la politique agricole commune (PAC), l'autre des aides aux régions européennes défavorisées. Une paille! La PAC dévorant près de la moitié du budget communautaire, et les «fonds structurels», près du tiers" Un problème d'une redoutable complexité: personne ne veut payer plus. Certains, comme les Allemands, les Autrichiens, les Néerlandais et les Suédois, voudraient payer moins. Et chacun veut conserver les avantages acquis. «Si on part du principe que ce qui est négociable, c'est ce qui appartient aux autres, et ce qui ne l'est pas, ce sont ses avantages, on ne progressera pas», affirme Jacques Chirac avec un certain bon sens. De fait, depuis que la Commission européenne a mis sur la table, en juillet 1997, son Agenda 2000, les progrès ont été millimétriques. Pourtant, les Quinze sont d'accord pou