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Libération

Le double jeu européen de Tony Blair. Il ménage les eurosceptiques anglais tout en affirmant son engagement.

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publié le 11 décembre 1998 à 19h18

Londres, de notre correspondant.

Les Britanniques racontent qu'au dernier Conseil des ministres de l'Economie européens, Oskar Lafontaine a emprunté le sac à main d'une de ses collaboratrices pour frapper son homologue Gordon Brown. Si la blague n'était pas très fine, le message était clair: pour le ministre allemand, les hommes de Tony Blair n'auront pas intérêt à jouer les Mme Thatcher lorsqu'il s'agira de discuter du sacro-saint rabais britannique aux prochains sommets européens.

Situation périlleuse. Les Anglais n'ont guère été amusés, et Tony Blair arrive au sommet de Vienne avec deux conflits majeurs en puissance: le montant de la contribution britannique au budget communautaire et les projets d'harmonisation fiscale. Une situation périlleuse pour un homme politique qui promettait, après son élection, d'être «engagé en Europe», contrairement à ses prédécesseurs conservateurs, Margaret Thatcher et John Major.

Mais, dans un pays où les questions européennes sont sujets de passions et d'hystéries attisées par une presse populaire xénophobe, Blair vient de retrouver les accents de la Dame de Fer. Le rabais britannique n'est pas négociable, a-t-il rappelé. Pour Londres, la Grande-Bretagne reste un contributeur net au budget de l'UE, et les conditions qui avaient justifié, en 1988, cette ristourne ­ à savoir les minces bénéfices retirés par le Royaume-Uni de la politique agricole commune (PAC) ­ n'ont pas changé. Sur les projets d'harmonisation fiscale, maladroitement présentés