Vienne envoyés spéciaux
Ce n'est pas tous les jours que l'on voit quinze chefs d'Etat et de gouvernement manger leur chapeau. Ce fut le cas, samedi à Vienne, face au puissant lobby des «duty free». A coup de millions de francs, les boutiques «hors taxes» de l'UE ont mené une campagne très agressive afin d'obtenir que les Quinze reviennent sur une directive votée à l'unanimité en 1991. Celle-ci abrogeait, à compter du 1er juillet 1999, les ventes hors taxes pour les voyages intracommunautaires. Selon ce lobby, la fin de l'exonération fiscale dont bénéficient alcools, parfums et cravates de luxe dans les zones aéroportuaires et les navires assurant des liaisons internationales, se traduirait par la suppression d'environ 150 000 emplois à travers l'Union. L'argument a porté. «Nous étions tous d'accord ["] pour dire que l'on ne peut pas préconiser un pacte européen pour l'emploi et soutenir dans le même temps une mesure supprimant des emplois», a reconnu Gerhard Schröder. Le Conseil européen demande, donc, à la Commission de Bruxelles et au Conseil des ministres des Finances «d'examiner les incidences négatives éventuelles sur l'emploi et les possibilités de traiter ce problème, y compris par la prorogation limitée des dispositions transitoires». Autrement dit, les Quinze se disent prêts à accorder un sursis aux duty free, en théorie de quelques mois. Le lobbying aidant, la farce pourrait en fait durer longtemps.
C'est la première fois dans l'histoire de la construction européenne