Son départ ne constitue pas, c'est le moins qu'on puisse dire, une
surprise. Ahmed Ouyahia, le Premier ministre algérien, a démissionné, hier, après des mois de rumeur sur un départ présenté chaque jour comme «imminent». Nommé il y a trois ans dans un concert de louanges, ce «technocrate compétent» pourra se targuer d'avoir battu à la fois un record de longévité à ce poste et d'impopularité. «Je suis fier d'avoir fait le sale boulot», a-t-il d'ailleurs lancé devant les députés dans une allusion à son application zélée du programme d'austérité imposé par l'accord d'ajustement structurel établi avec le FMI en 1994. Fidèle à une personnalité que ses détracteurs qualifient de «hautaine et entêtée» et sans doute persuadé que l'attaque constitue la meilleure défense, il aura transformé en beau pugilat parlementaire les cinq jours de débat sur son bilan. Nouveau déballage. Les Algériens avaient déjà assisté aux règlements de comptes par presse interposée entre la présidence et l'état-major qui ont abouti au départ anticipé du chef de l'Etat Liamine Zeroual. Ils ont été au cours des derniers jours témoins d'un nouveau déballage. Ahmed Ouyahia s'en est pris violemment aux deux partis membres de la coalition gouvernementale. «Pourquoi restez-vous dans mon cabinet?», a-t-il lancé aux islamistes «modérés» du MSP avant de demander au FLN (l'ancien parti unique) «qui avait cassé le secteur agricole puis les entreprises nationales pendant les années 80». A l'exception de deux partis le s