Dans un pays où l'action extérieure, au service de la «grandeur» de
la France, a longtemps relevé du pouvoir régalien de l'exécutif, où le secret d'Etat était la règle et la transparence l'exception, où la politique africaine a été la chasse gardée de l'Elysée, le Parlement veut aujourd'hui ouvrir une brèche. Cet après-midi, au terme de neuf mois d'investigation, la mission d'information parlementaire sur le Rwanda doit rendre public son rapport final. Une question domine toutes les autres: quelle est la responsabilité de la France dans l'avènement du troisième génocide du siècle qui, entre avril et juillet 1994, a coûté la vie à quelque 800000 Rwandais tutsis? La mission a auditionné près d'une centaine de personnalités, civiles et militaires, françaises ou étrangères. Ses rapporteurs ont interrogé parfois au sens fort environ 70 acteurs, à tous les niveaux, de la politique française au Rwanda. Soumis ce matin aux vingt membres de la mission pour approbation, le rapport compte près de 400 pages. 600 autres, annexées, contiennent des télégrammes diplomatiques, des comptes rendus de réunions interministérielles, des messages d'attachés de défense, des documents confidentiels déclassifiés" Transparence. Nombre d'auditions ayant eu lieu à huis clos, en particulier celles des militaires, un bras de fer s'est engagé au sujet de leur publication. En mars, l'Elysée et Matignon avaient été d'accord pour préserver la confidentialité des dépositions à huis clos. Cet été, le Premier