Elle n'est pas recherchée par le Tribunal pénal international pour
le Rwanda (TPR) mais elle ne veut même pas dire dans quel pays elle réside. Agathe Habyarimana, la veuve du président rwandais assassiné le 6 avril 1994, aurait été à la tête d'une camarilla extrémiste, responsable de massacres ethniques sous l'ancien régime, voire de l'attentat contre l'avion présidentiel, l'événement déclencheur du génocide des Tutsis. Mauvais esprit d'un chef d'Etat sous influence, elle aurait dirigé les escadrons de la mort de la présidence. Dans la première interview qu'elle a accordée depuis cinq ans, Agathe Habyarimana, 56 ans, s'en défend. A Libération, qui l'a rencontrée, elle dit être prête à comparaître devant le TPR.
Quel est votre souvenir du 6 avril 1994, le jour où l'avion de votre mari a été abattu?
On attendait tous le retour de mon mari (d'Arusha, où il participait à une négociation pour le retour à la paix au Rwanda, ndlr). Enfin, à 20 heures passées, j'ai entendu le bruit d'un avion. J'étais avec ma fille aînée, Jeanne. Tout de suite après, j'ai entendu une forte détonation. Ensuite, deux détonations plus rapprochées ont suivi" Là, on n'entendait plus du tout l'avion. J'ai eu peur. Nous nous sommes précipités dehors. On a vu des éclats de lumière dans le ciel.
Saviez-vous d'emblée que c'était l'avion de votre mari?
Non, pas tout de suite. Jean-Luc est allé avec les militaires rechercher et identifier les corps. Nous les avons ramenés dans notre salon, enveloppés dans des cou