Stockholm, de notre correspondant.
«Ce rapport est une illustration parfaite de l'idéologie corporatiste en Suède: comment les sociaux-démocrates et les conservateurs s'unissent dans le prétendu intérêt de l'Etat.» Peter Bratt, journaliste au quotidien libéral suédois Dagens Nyheter, ne cache pas sa désillusion. Une commission parlementaire vient de publier son rapport sur les activités de IB, un service de renseignement militaire actif de 1957 jusqu'aux années 70 et tellement secret que le parlement en ignorait l'existence. Peter Bratt est amer car, pour l'avoir révélé en 1973, il a fait six mois de prison en compagnie de son collègue Jan Guillou.
Politique, IB ne fonctionnait qu'au profit exclusif des sociaux-démocrates, qui ont été au pouvoir sans discontinuer de 1932 à 1976. Sa mission principale, avait raconté Peter Bratt, était d'identifier tous les communistes et sympathisants communistes où qu'ils se terrent, et surtout dans les industries. Mais, selon le rapport, ce ne sont pas les sociaux-démocrates qui ont utilisé les militaires, mais le contraire: pour tenir les communistes éloignés des industries de l'armement condition américaine pour la livraison de haute technologie , le patronat aurait fait appel aux sociaux-démocrates, qui dirigeaient le pays, et à leur puissant relais syndical, LO, pour fournir des renseignements aux militaires. Dans les entreprises, plusieurs centaines de «médiateurs du travail», fidèles parmi les plus fidèles des militants sociaux-démo