Miami, de notre correspondant.
Rigoberta Menchu est rentrée au Guatemala le 17 janvier, après avoir vécu les cinq années précédentes au Mexique. La figure emblématique du peuple maya a retrouvé un pays transformé par les accords de paix signés le 29 décembre 1996 par le gouvernement et la guérilla, qui ont mis fin à trente-cinq ans de conflit. Un bilan publié en avril par l'épiscopat fait état de 150000 morts, 50000 disparus, un million de réfugiés. Le conflit avait atteint son paroxysme au début des années 80 quand l'armée et les milices d'«autodéfense» avaient déclenché une contre-insurrection aveugle, avec massacres de villages entiers de partisans présumés de la guérilla. Le rapport attribue 79% des victimes à l'armée, 9% à la guérilla, et les autres à des groupes indéterminés. Les communautés indiennes, près de 60% des 10,6 millions de Guatémaltèques, ont payé le tribut le plus lourd, subissant des atrocités dont témoigne la biographie de Menchu. Forte de son prestige de prix Nobel, celle-ci a joué un rôle actif de conseillère pour la rédaction des articles des accords de paix prévoyant la reconnaissance officielle des droits, des croyances et des vingt-trois langues des peuples indigènes. Ce chapitre, finalisé dès mars 1995 à Mexico, a nécessité une réforme constitutionnelle approuvée par le Parlement en octobre, et qui institue une «nation unie, multiethnique, pluriculturelle et multilingue». Jean Arnault, le directeur français de la mission de l'ONU de vérification d