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Libération

Les oublis de la mission sur le Rwanda. En 1990, un expert du Quai d'Orsay préconisait de se retirer de ce pays.

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publié le 17 décembre 1998 à 16h41

La note est datée du 26 octobre 1990 et elle est intitulée «Le

détonateur rwandais». Quatre ans avant le génocide au Rwanda, le chef-adjoint du Centre d'analyse et de prévision (CAP) du Quai d'Orsay recommande clairement que la France se retire le plus rapidement possible de ce qui apparaît déjà comme «un abcès de fixation permanent dans une région instable»: «La présence militaire française ne saurait se prolonger sans apparaître comme une caution de celui-ci (le régime du président Juvénal Habyarimana, ndlr) et des mesures répressives qu'il prendra pour juguler la contestation.»

Dommage qu'il ne soit pas fait mention, dans le volumineux rapport qu'a rendu public le 15 décembre la Mission d'information sur le Rwanda, de ce conseil qui, a posteriori, paraît fort sage. Les notes du Centre d'analyse du ministère des Affaires étrangères ne sont même pas citées dans la liste des notes du Quai d'Orsay versées au dossier qui figure en annexe du rapport. Il était pourtant difficile de ne pas en connaître l'existence. De l'Elysée à Matignon, en passant par les ministères intéressés, tous ceux qui ont eu à prendre des décisions concernant le Rwanda y ont eu accès. Ces notes ont parfois donné lieu à débat. Celle du 26 octobre 1990 que s'est procurée Libération a, par exemple, provoqué une vive réaction de Georges Martres, alors ambassadeur au Rwanda. Dans cette note qui comporte, outre la première page (voir ci-contre), cinq pages d'analyse signées de Jean-François Bayart, alors consult