Londres, de notre correspondant.
L'affaire Pinochet repart à zéro. Hier, un comité de cinq lords magistrats (law lords) a décidé de casser le premier jugement de leurs pairs déniant toute immunité à l'ancien dictateur chilien. Cinq lords vont devoir réexaminer, vraisemblablement à la mi-janvier, le cas du général, arrêté le 16 octobre à la demande de l'Espagne. Un coup de théâtre inespéré pour le sénateur à vie. La semaine dernière, pour la première fois de sa vie, il avait été traîné dans sa chaise roulante devant un juge, pour répondre des accusations de crimes contre l'Humanité et de génocide portées par le juge espagnol, Baltasar Garzon.
Le premier jugement, défavorable au général, des lords magistrats, pas franchement connus pour leurs vues progressistes du monde et du droit, avait surpris. Il avait été obtenu, à l'arraché par trois voix contre deux et hier, les observateurs des questions juridiques britanniques, n'excluaient pas que le nouveau panel de cinq lords confirme l'immunité souveraine de l'ancien chef d'Etat. Ce dernier pourrait alors s'envoler vers son pays, ridiculisant la justice anglaise et enterrant une nouvelle lecture des droits de l'homme qui avait donné tant d'espoir à ses opposants et à leurs défenseurs.
Chaos juridique. Par une bizarre ironie, ce chaos juridique a été induit par les étroites connections de l'un des law lords, lord Hoffmann avec Amnesty International, l'une des ONG à la pointe du combat contre Pinochet. Lord Hoffmann, qui avait apporté