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Libération

Jospin évite les embûches au Canada. Il fait l'éloge d'Ottawa sans trop fâcher le Québec.

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publié le 19 décembre 1998 à 16h58

Montréal, envoyé spécial.

Même si la neige ne recouvre pas encore le Canada, Lionel Jospin fait du slalom. Presque un sans-faute. Il est difficile en effet de faire, à Ottawa et à Toronto, l'éloge de la Fédération canadienne: «notre amie et notre alliée», de conclure un toast par un givrant «Vive le Canada!» et de se retrouver le lendemain à Montréal et à Québec sans s'attirer quelques remarques chagrines des «cousins» de la belle province, qui n'ont jamais oublié le «Vive le Québec libre!» de De Gaulle.

A en croire l'entourage du Premier ministre, ces critiques ont été limitées au minimum. C'est ainsi qu'au cours d'un dîner privé à Montréal, jeudi soir, le Premier ministre du Québec, Lucien Bouchard, et sa ministre des Relations internationales, Lise Baudouin, se sont étonnés de l'éloge du «multiculturalisme» prononcé par Lionel Jospin dans la capitale fédérale. Si le terme fait partie du langage de la gauche en France, ici, il a une tout autre connotation, puisqu'il a été forgé par les fédéralistes pour minimiser la spécificité québécoise, la mettre en concurrence, voire sur le même pied que les autres minorités ethniques du Canada. Une façon comme une autre de miner la théorie des deux peuples fondateurs du Canada et les revendications indépendantistes du Québec.

Celles-ci, il est vrai, n'ont pas le vent en poupe depuis les élections du 30 novembre, qui n'ont enregistré qu'une courte victoire du Parti québécois de Lucien Bouchard. L'occasion était donc favorable pour que Jos