Bagdad, envoyé spécial.
Lundi matin, Sadi a rejoint ses copains de classe au Bagdad college, le lycée huppé de la ville, après quatre jours d'absence. Il a repris ses cours comme si de rien n'était: aucune allocution du proviseur, pas plus d'un prof. Ni pour féliciter Saddam Hussein pour sa victoire, ni pour accuser l'Amérique, ni même pour demander aux élèves de rattraper le retard scolaire. Farah, elle aussi, est revenue au lycée Wazyriua, établissement plus populaire, sans entendre aucune allusion aux événements. Elle précise même: «Nous avions des examens prévus ces derniers jours. On ne nous a même pas dit s'ils étaient reportés ou annulés.»
Les rues de Bagdad retrouvaient, dans le même temps, leur circulation ordinaire. Mais, dans le quartier de Mansour, aux quatre coins de l'enceinte des bâtiments des Moukhabarat (police politique), stationnent plusieurs véhicules de police. Au moindre ralentissement d'une voiture, un appel de phares sans équivoque oblige le conducteur à donner un coup d'accélérateur. Les piétons, eux, sont interdits sur les trottoirs. Le bâtiment des Moukhabarat a été détruit par un missile. Même scénario autour du bâtiment de la Sécurité militaire à Qadiamyah ou de celui de la Sécurité civile à Baladiya. Et, si les piétons sont autorisés à longer l'immeuble du parti Baas, pas un ne se risquerait à s'arrêter pour jeter un oeil à l'intérieur sur les dégâts.
Depuis dimanche, Télévision Shebab n'émet plus. C'était la chaîne de la jeunesse, qui diffusait, e