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Libération

La colère arabe contre Clinton. Le bénéfice de sa visite à Gaza gommé par les raids.

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publié le 22 décembre 1998 à 17h11

Amman, envoyé spécial.

Si l'opération Renard du désert a atteint ses objectifs militaires, c'est un fiasco diplomatique et politique vu du monde arabe. Jamais depuis le début de la décennie, le leadership américain dans la région n'a été aussi discrédité et honni. Les Etats-Unis ­ et leurs alliés britanniques ­ ont donné l'image d'une puissance arrogante, brutale et injuste. Huit ans après la guerre du Golfe, le maintien de l'embargo sans aucune perspective de sortie est devenu insupportable aux yeux du monde arabe.

Le timing des frappes américano-britanniques s'avère catastrophique. Débutant le lendemain de la visite de Bill Clinton dans les territoires palestiniens, ils en ont ruiné le caractère historique et les effets escomptés sur l'opinion publique arabe. «C'est comme si Bill Clinton ne s'était jamais rendu à Gaza et Bethléem», fait remarquer un responsable jordanien pourtant proche du pouvoir. Quatre ans après le traité de Wadi Araba, les Jordaniens n'ont jamais été aussi hostiles à la paix avec Israël. Dans les territoires palestiniens, la rapidité avec laquelle les drapeaux américains, agités par les habitants de Bethléem en l'honneur du président américain, ont été brûlés en dit long sur l'absence totale de confiance dans un processus de paix qui n'est plus seulement perçu côté arabe comme un espoir agonisant mais comme un instrument d'oppression. De plus en plus de gens sont convaincus dans cette région qu'une guerre est inévitable, et ce n'est jamais bon signe.

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