Se risquer à exprimer une opinion divergente dans la Tunisie de Zine
Ben Ali relève d'un beau courage. Et c'est bien le paradoxe d'un pays dont le régime bénéficie du soutien, au moins tacite, d'une bonne partie de la population, mais où tous ceux qui osent réclamer, pacifiquement, le respect des libertés publiques sont, au mieux, harcelés par la police, au pire arrêtés et torturés.
Chape de plomb. Pourtant, des voix de plus en plus nombreuses et dépassant de beaucoup le cercle habituel des militants des droits de l'homme, dénoncent cette chape de plomb. Universitaires, médecins, avocats, enseignants, économistes viennent ainsi de créer à Tunis un «Conseil national pour les libertés en Tunisie», où figurent également des défenseurs connus des droits de l'homme, tels Moncef Marzouki, Nejib Hosni, la sociologue Khedidja Chérif ou la femme de Khemaïs Ksila, le vice-président actuellement emprisonné de la Ligue des droits de l'homme.
«Nous exprimons, affirment-ils dans une longue déclaration constitutive, notre intention d'assurer une vigilance quant à l'état des libertés individuelles et collectives en Tunisie en vue de les défendre, de veiller à ce que les mécanismes du pouvoir et les lois du pays soient conformes aux exigences d'une société libre.» Reconnaissant le «rôle positif» joué par le système politique dans «la fondation de l'Etat et la modernisation de la société», ces femmes et ces hommes déplorent que le régime ait continué à «imposer la tutelle de l'Etat sur une s