Heraï, envoyée spéciale.
C'est l'histoire d'un petit village perdu au nord du Japon, souvent inaccessible l'hiver à cause de la neige. Perdu, mais pas oublié, car le Christ, dit la légende locale, y est mort de sa belle mort à l'âge de 106 ans après avoir fui la Terre promise et traversé la Sibérie à pied pour rejoindre le Japon. Il y a même son tombeau et celui de son frère, en fait deux monticules de terre entourés d'une petite palissade blanche et surmontés d'une croix. A Heraï (ou Shingo-mura), dans la préfecture d'Aomori, trois fonctionnaires municipaux se relaient pour faire visiter la tombe de Jésus-Christ. Ou plutôt de Daitenku Taro Jurai, le nom japonais qu'il prit en arrivant dans cette contrée lointaine où il vécut paisiblement et eut trois filles de son épouse Miyuko. L'un de ses «descendants», le vieux Sanjiro Sawaguchi, cultivateur d'ail de son état, a tout de même quelques doutes sur sa parenté avec le prophète du Nouveau Testament: «S'il s'agissait d'une histoire disant que mon ancêtre était un malfaiteur, je me sentirais déshonoré. Là, au contraire, je devrais être honoré" Mais j'ai du mal à croire que je descends d'une personne mondialement célèbre. Comment voulez-vous que je sache? Il a vécu il y a deux mille ans"»
D'après la légende locale, le Christ serait venu une première fois au Japon à l'âge de 21 ans et ne serait retourné en Judée que onze ans plus tard. Ces onze années de la vie de Jésus, sur lesquelles la Bible ne dit rien, il les aurait donc passée